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Si le travail de Pierre Gaignard s’apparente à une ethnologie sauvage, c’est avant tout parce que ses films, sculptures, ou performances, sont des objets d’études qui ne prennent pas de distance à l’égard de leur sujet : lorsqu’il s’intéresse par exemple au rap d’Atlanta, il le fait sur un mode documentaire qui se charge d’une énergie capable de traduire l’absorption maximale de ce que cette musique transmet. Ainsi, la magie et le rituel ne sont jamais loin de sa pratique, tant il s’agit de créer les conditions d’une cosmogonie personnelle où les bigs data rencontrent les bals populaires, où la technique est heureusement dévoyée au service du barbecue. Pierre Gaignard assume une esthétique du bricolage qui n’a rien de rétro mais ouvre sur une poétique dystopique où le jus de viande est l’égal d’une peinture abstraite. Son chamanisme urbain (qui prend souvent place dans le contexte de l’admirable Wonder/Liebert) est l’expression d’un vitalisme schlag, soit l’un des moyens de faire
résistance à l’ordre capitaliste dans sa capacité dansante à investir investir des formes en déshérence.
Texte de Fabien Danesi.