L’atmosphère particulière qui se dégageait des jardins de la Villa m’impressionna au plus haut point. Je suis resté. J’ai pris mon temps. Pour moi, l’art contemporain, c’était optimiser le costume trois pièces et traverser la galerie avec des chaussures en cuir d’autruche pour arriver jusqu’au bar. C’était ouvrir des flacons en matant des filles dans les bras des collectionneurs. C’était fumer des gros calibres de faux Havane en faisant des piscines de mousseux millésimés. C’était animer par ma seule présence des soirées vouées à l’échec. C’était faire des bars clandestins à la barbe et au nez du directeur.
Artiste touriste. C’était ça ma spécialité. J’étais fait pour les époques folles. Celles où les armateurs, les conquérants, les bâtisseurs – tous des amateurs – perpétraient leurs exubérances entre un pichet de mauvais vin et une fille de taverne.
J’ai été un touriste qu’on a abusé. J’en ai eu marre des voyages organisés. C’était pas conforme aux dépliants. On m’a débarqué dans la force de l’art, dans le bouillon de la technologie, de la production en masse, du Wi-Fi à gogo, dans l’industrialisation des valeurs. Dans un univers où l’on est fier de fabriquer des pièces inutiles mais économiques, de vendre de la piquette qui a gagné une médaille d’or, de louer son appartement pour 50 euros la nuit, de prendre l’avion pour 30 balles mais de payer 35 ses tagliatelles aux scampis…
Dans le fond j’ai toujours su que j’y arriverais.
Je suis intelligent, c’est la même chose que malin, mais à plus long terme.
Je ne désire pas imposer mes idées.
Je n’ai pas de problèmes sexuels.
Je crois aux hommes Je n’ai qu’eux.
Alors je descends, à la prochaine !
Je n’ai besoin que de quelques vieilles images sur du papier.
Donnez-moi des vieux magazines, des cartes postales, un cutter de précision et de la colle, j’ai une époque a raconter.
Je reprends ma liberté.