Partagée entre différents pays, villes et langues, je ne suis pas certaine de savoir où je me situe dans cette biographie. Chaque paysage que je croise m’apporte de la matière pour créer, observer et écrire ma propre histoire.
Je n’ai aucun souvenir de Quito, l’Equateur, le pays où je suis née en 1984. Connectée mais écartée d’une certaine réalité, j’ai construis un mythe autour de ce pays qui me semble présent et à la fois lointain. J’ai grandi à Genève, la ville que je connais au bout des doigts et qui fait partie intégrante de mes souvenirs et ma construction. Ma langue maternelle est l’anglais et ma langue paternelle est danoise. Je me considère danoise mais je n’ai cessé de rebondir entre les deux langues jusqu’à y perdre mes mots. Je n’ai jamais réussi à m’identifier dans une langue et ce complexe s’est transformé en une ambiguïté qui me fascine. Je cherche la précision des mots et la confusion s’installe où le sens ou l’anti-sens voyagent dans le doute et le flou ouvrant un espace poétique dans l’écriture, la vidéo, l’installation et la performance. En ce moment, je définis mon travail comme un brouillard où l’expression est autre centre. Je suis illogique dans tout processus que j’entame et je le nourris par ses racines entremêlées.
En 2014 j’ai découvert Mulhouse, une ville s’est additionnée à ma liste. Je travaille essentiellement à Paris, Mulhouse et Genève. Sautillant d’un endroit à l’autre ne sachant pas où je vais m’installer concrètement, mon travail ne cesse pas de continuer. Je ne dresse aucune limite entre la vie et l’art, mon processus est majoritairement intuitif et c’est ma façon de récolter de la matière, l’imagination et une continuité car rien n’est stable et acquis. Je considère mon travail comme une ponctuation qui fait partie d’un ensemble d’autres situations passées ou à venir.